Début mars, je pars en camion pour un petit voyage. Je m’arrête à Montpellier d’abord, chez des amis. Je suis malade, alors, coincée à la maison je dessine cette fouine empaillée, habillée d’un Fez et qui sert de porte-casque.
Le lendemain, mon amie m’installe une chaise longue au soleil pour que je me repose, en attendant leur retour du marché. Inspirée par la tranquillité de cet instant, la chaleur du soleil très brillant ce jour là, je dessine.
« Il fait beau, et assez chaud. Assez chaud pour rester dehors, et suffisamment frais pour dessiner. Cette chaise longue a été sortie pour moi. À l’instant, Biquette mon hôte, est allée la sortir de son point de repliement; elle l’a sortie de l’ombre, de l’hiver. Sans y penser, Biquette l’a sortie de son inexistence pour me l’installer dans le jardin. Alors la chaise et moi avons existé ensemble. Il était question d’un repos je crois. Un repos pour la malade, un travail pour la chaise. Pourtant l’équilibre de notre existence commune fut établi autrement. Je concentrai toute mon énergie sur cette chaise, pendant qu’elle se reposait au soleil ; la tension qu’elle aurait pu connaître à mon contact s’exprima seulement dans l’attention que je lui portai. Et les craquements de ses articulations sous mon poids ne s’entendirent jamais. À la place, le silence d’un jardin en ville, les oiseaux, les insectes, des bruits de voitures au loin, qui m’inquiètent parfois… Sont-ils déjà rentrés du marché ?! Mince, je n’ai pas fini… Ah non ça va, les sons venaient de la rue. Vite, je trace les dernières lignes, vite avant que la fièvre ne revienne, avant que les amis ne rentrent et que quelqu’un ne décide de s’allonger sur la chaise, avant que notre équilibre particulier soit oublié. »
Plus tard, hébergée dans une grande maison, je rencontre l’étagère en bois et porcelaine de la cuisine. Les arbres à cotons remplissent drôlement bien ce mur, blanc à l’origine.